Pour une société du compromis

Par Laurent Berger et Jean Viard, 119 p, 2024, éditions de l’Aube.
https://editionsdelaube.fr/catalogue_de_livres/pour-une-societe-du-compromis/

Le livre

Ce petit livre est une conversation entre un expert du social, qu’est Laurent Berger, et un expert du social, qu’est Jean Viard. Face à la fragmentation de notre société et de notre monde, les auteurs proposent des chemins, des voies peut-être sinueuses, étroites, fragiles… mais de leur point de vue, ces passages délicats existent dans notre société.

Pour les auteurs, les mutations essentielles de notre société ne se feront pas par un coup de baguette magique, venu d’en haut, ni sans obligation de tous de faire des compromis. Le mot est lancé : compromis, face à la radicalité  des bouleversements et des postions.

Pour être efficace et juste, il faut des analyses, des débats d’idées et des compromis nourris de la responsabilité de chacune et chacun, dans un État de droit juste et robuste. Certes, mais la question du « juste »  est aujourd’hui réinterrogée. Quand des lois sont prises sans débat, quand des milliers de personnes s’expriment pour appuyer sur « pause », sans avoir le sentiment d’être entendues… La justesse des décisions venues d’en haut est fortement interrogée, voire remise en cause, forcement. Car pour dialoguer, il faut être deux, et le sentiment de ne pas être écouté est trop fort aujourd’hui… face à la « condescendance » venue d’en haut qui se déploie depuis plusieurs années,  comme l’explique Pierre Rosanvallon.

Ce n’est pas simple quand la société bouge très vite, trop vite. Chacun cherche une stabilité face à l’inquiétude et peut rechercher un refuge et des boucs émissaires. Les extrémistes se frottent les mains.

Faire émerger une société plus juste et plus durable nécessite écoute, une certaine empathie, posture, méthode… Peut-être que tout ce qu’on appelle « participation citoyenne », même si aujourd’hui le mot est malmené (on peut se poser la question : pourquoi ?), pourrait être mobilisé pour avancer vers ce nécessaire besoin de faire du compromis. En partant de la vie des gens, du vécu de chacune et chacun, en partant des injustices vécues et ressenties. Mais pour cela il faut accepter que la parole exprimée ne soit pas lisse et belle…

Notre lecture

Une piste à suivre pour sortir du marasme ambiant ? À lire pour se sentir moins seul.e face aux radicalités : oui nous pouvons nous parler, mais cela demande un effort de s’écouter, d’avancer un pas vers l’autre, d’entendre les points de vues, pour cheminer vers du compromis.

Il paraissait essentiel de publier cette petite note avant les élections législatives anticipées du 30 juin et 7 juillet 2024… Merci aux auteurs de ce petit livre, qui espérons-le, ne soit pas un coup d’épée dans l’eau…

Les auteurs

Laurent Berger a été secrétaire général de la CFDT de 2012 à 2023. Depuis, il travaille au Crédit mutuel avec pour mission la mise en place d’un centre d’expertise sur « la révolution climatique et environnementale ». Autres publications : Quelle société veut-on ? (Ed. de l’Aube, 2021) ; Au boulot ! (Ed. de l’Aube, 2018).

Jean Viard est sociologue et directeur de recherches CNRS au CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po Paris). Il a publié de nombreux ouvrages dont : Voyage au pays du surtourisme (Ed. de l’Aube, 2024), Un nouvel âge jeune ? Devenir adulte en société mobile,(Ed. de l’Aube, 2019), L’implosion démocratique (Ed. de l’Aube, 2019).

Note rédigée par Sylvie Barnezet
Juin 2024.