Par Francis Odier, 192 p, 2024, éditions Campus ouvert.
Le livre
Francis Odier ouvre la boite noire de l’enquête publique, dispositif clé de participation. À l’issue de sa propre enquête, l’auteur décrypte les mécanismes à l’œuvre dans l’enquête publique. Il en montre les impacts, peu visibles, souvent différés mais bien réels, et analyse quels en sont les leviers.
Nourri par de nombreux exemples tirés de cas réels, émaillé de réflexions théoriques et débouchant sur des propositions concrètes, le livre apporte un éclairage susceptible d’encourager le public à s’impliquer dans les enquêtes pour défendre sa propre vision de l’intérêt général ou son légitime intérêt privé.
Notre lecture
Les enquêtes publiques sont incontournables mais souvent décriées. Elles arrivent trop tard, sont trop lourdes, les postures des commissaires-enquêteurs peu comprises…
Les dossiers sont souvent techniques et volumineux, ce qui peut décourager les non-spécialistes de participer. Le langage administratif ou technique peut être une barrière pour une partie du public. Les personnes les plus concernées ou mobilisées (par exemple, les opposants) participent souvent davantage que les autres, ce qui peut biaiser les résultats. Certaines populations (personnes âgées, personnes éloignées du numérique, etc.) peuvent être exclues du processus. Dans certains cas, l’enquête publique peut être perçue comme une formalité sans réelle influence sur le projet final. Enfin, même si les citoyens s’expriment, l’autorité compétente n’est pas obligée de suivre leurs avis… Bref, les critiques sont nombreuses. Les faire évoluer dans leur forme serait certainement nécessaire pour les rendre plus modernes, plus en prise avec les nécessités d’aujourd’hui.
Mais si elles n’existaient pas, il faudrait les inventer !
Elle permettent coûte que coûte de faire émerger des questionnements face à des projets portés par des décideurs politiques et économiques qui pensent que ces projets « sont bien pour nous ». « Dérouler sans entrave les projets, sous couvert qu’ils sont portés par des décideurs légalement élus ou nommés, serait céder à la facilité de la technocratie, s’éloigner de l’idéal démocratique, régresser terriblement et inviter à la violence pour solder les rapports de force, les controverses et les divergences d’intérêts », explique Francis Odier.
La démocratie environnementale en a bien besoin, prise en cisaille entre l’idée d’une nécessaire réindustrialisation française et des besoins d’emplois pour une croissance économique…
L’auteur
Après avoir exercé le métier de consultant en relations sociales, Francis Odier a été président de France nature environnement Isère. Il participe à des enquêtes publiques et s’informe sur leurs suites depuis une quinzaine d’années. Il réside dans la Drôme où il a des engagements associatifs pour la protection de l’environnement.
Note rédigée par Sylvie Barnezet
Janvier 2025.