Par Matthieu Angotti, 180 p, 2024, Éditions de l’Aube.
Le livre
La solution face aux difficultés majeures qui frappent notre société n’est pas le repli mais bien l’action, avec les autres, au niveau local. Ce livre en fait l’apologie, nourri d’exemples, presque comme un « manuel de la coopération » !
Le monde qui vient nourrit nos inquiétudes. D’un point de vue social comme environnemental, les alertes s’accumulent. Nous voudrions y répondre, changer la donne, préparer un monde meilleur pour nos enfants, mais nous nous heurtons à notre impuissance. Comme si, au niveau national, la machine républicaine tendait à se gripper. Alors la tentation du repli sur soi est forte. Pourtant, notre soif de démocratie reste bien vivante et se manifeste dès que l’on nous invite à agir près de
chez nous. Il convient d’apprendre ensemble à se saisir de cette capacité de résistance démocratique locale.
Notre lecture
L’auteur pose son regard sur le monde, la France, nos peurs et incapacités à penser demain dans un cadre républicain qui n’est plus adapté. Il décrit les limites de notre modèle représentatif.
Il pense que face aux injustices, inégalités et limites, au niveau local, chacun peut prendre sa part et dispose d’une capacité d’alerte. À partir de son territoire de vie, de son quartier, de son village, avec son écosystème local social et environnemental, à l’interface entre sa vie familiale et interpersonnelle et le vaste monde qui fait peur et qui change – trop – vite : l’idée est de tendre la main, partant de la « théorie du contact », de tisser des envies d’actions pour penser, panser, le monde nouveau. Mais n’est-ce pas creuser un puits sans fond ?
Il s’agit, pour l’auteur, de redonner vie et vigueur à la démocratie locale, à la démocratie du quotidien, pour nourrir notre capacité d’agir ensuite au niveau national. Les chemins sont étroits, mais ils existent selon Matthieu Angotti : chacune et chacun a des relations avec des commerçants de proximité, des voisins, des connaissances dans son bassin de vie, pour développer des « diplomaties du quotidien » et, peu à peu, construire des agir ensemble.
Certes, mais encore faut-il avoir des lieux, des espaces de dialogue. Ces espaces sont rares, trop peu nombreux pour accueillir une parole et des actions collectives. Différentes collectivités et associations en mettent en place, de plus en plus, mais sans construire – encore aujourd’hui – un continuum participatif solide.
Et les médiateurs, les travailleurs sociaux, les porteurs d’éducation populaire, les personnes en charge du développement social et local se raréfient ; c’est un travail qui se construit dans la finesse, la dentelle des liens à construire ; ce sont des métiers peu valorisés. Le tissage des actions ne peut pas se faire sans reconnaissance d’un rôle social et territorial, d’une ingénierie à financer et solidifier. Les institutions locales et nationales doivent le reconnaître.
Ce livre fait chaud au cœur, en reconnaissance des capacités de chacun et chacune, dans un début d’année qui en a besoin !
L’auteur
Matthieu Angotti est aujourd’hui membre de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS). Il était auparavant à l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) et a été directeur d’un Centre communal d’action sociale. Il s’intéresse aux liens entre pauvreté, inégalité entre les personnes et réchauffement climatique dans une perspective de transformation publique. Son livre s’appuie sur son expérience et son vécu du pilotage ou de l’accompagnement d’expériences participatives et de solidarités.
Note rédigée par Sylvie Barnezet
Janvier 2025.